Secteur bancaire : les bénéfices du Cloud dansla gestion des risques

par Roussel Franck
par Vincent Lefevre
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Face aux nouveaux acteurs comme les néo banques, les banques traditionnelles prennent aujourd’hui le tournant du Cloud pour gagner en agilité.  Si l’offre des logiciels en mode SaaS (Software-as-a-Service) a explosé, leur utilisation est souvent restée cantonnée à des domaines considérés comme « moins critiques » tels que la gestion de la relation client ou celles des Ressources Humaines. Le mouvement de migration (Go2Cloud) tend néanmoins à s’accélérer au cours de ces derniers mois. Même au sein des banques traditionnelles, l’existence de Clouds privés se généralise. Ces derniers sont considérés comme la première étape de de la transformation avant le passage au Cloud public.

L’opportunité de sortir du monde mainframe et fermer certains Datacenters est également au cœur des débats dans les Directions Informatiques.

Lors de la mise en place des « Usines à migration », trois stratégies de bascule sont couramment étudiées :

  • Le « lift and shift », qui consiste à migrer directement les machines virtuelles depuis le Datacenter dans le Cloud ;
  • Le « replatforming » qui nécessite d’upgrader certains des composants de l’application non compatibles avec le cloud ; ou de modifier certains composants pour tirer parti des services managés du Cloud
  • La « cloudification » qui consiste à réécrire/repenser l’application pour tirer pleinement partie de l’apport des nouveaux services et méthodologies liées aux Cloud (architecture micro service, devops, serverless…).

Pour chaque application migrée, l’une de ces trois solutions peut être retenue. Au-delà des coûts de (re)développement, d’autres facteurs peuvent être pris en compte : l’obsolescence technologique de certains composants, la criticité/pérennité dans le patrimoine applicatif de la banque, l’opportunité de basculer sur des technologies opensource… 

Une demande croissante de capacité de calcul pour la fonction Risque

Suite à la crise financière, les banques et établissements financiers n’ont cessé de transformer leur gestion des risques pour répondre à des exigences règlementaires élevées et aux attentes d’un marché particulièrement compétitif. 

Disposer d’un SI agile, d’une puissance de calcul élevée facilement mobilisable deviendra dans les prochaines années un prérequis indispensable pour répondre aux demandes des régulateurs dans les délais restreints et à des coûts réduits :  enrichissement des modèles de risques, besoins accrus de simulation ou encore accroissement de la granularité des données. 

Pour la fonction Risque, tous ces sujets sont d’actualité car le Comité de Bâle travaille actuellement sur plusieurs réformes dont certaines ont été publiées et entrent en vigueur à très court terme. Il s’agit notamment de la nouvelle méthode de calcul des risques de marché présents dans les bilans bancaires. Derrière l’acronyme FRTB (pour « Fundamental Review of the Trading Book “, ou « revue fondamentale du portefeuille de marché “), le régulateur souhaite réviser la façon dont les banques calculent les risques de marché inscrits à leur bilan. Sont aussi concernées la revue de l’approche standard crédit,  la mise en place d’une approche unique standard pour le calcul des emplois pondérés relatifs au risque opérationnel et la mise en place des « Output floors » : plancher qui limite les avantages que les banques peuvent tirer de l’utilisation de modèles internes pour le calcul des exigences minimales de fonds propres.

Le Cloud : nouveau terrain jeu de l’innovation

Si les nouvelles technologies comme le Big Data, l’analytics ou la Data Visualization, sont communément appréhendées comme de puissants leviers pour optimiser le pilotage des risques, le Cloud propose également des services clés pour répondre aux besoins des directions des risques :

  • Scalabilité : Les applications HPC (High Performance Computing) peuvent bénéficier d’une scalabilité à hauteur de plusieurs milliers de cœurs de calcul.
  • Souplesse : Des capacités de calcul et de stockage quasi-illimitées permettant d’absorber aisément et instantanément les pics de sollicitation.
  • Réactivité : La capacité à commander une machine virtuelle en un clic, réduisant le délai habituel de mise à disposition de plusieurs mois/semaines à la demi-heure.
  • Levée des limitations techniques : le « serverless » permettant de faire abstraction de la « plomberie » d’hébergement, de scalabilité et de résilience qui est gérée par le Cloud provider.

Très concrètement, cela permettra aux utilisateurs de tirer très rapidement des bénéfices en termes de :

  • Coûts en limitant les risques liés aux investissements par un paiement à l’usage et en bénéficiant de réduction de coûts ;
  • Délais en raccourcissant le « time to market » pour les projets à cycle court et itératif ;
  • Innovation en profitant des services IA, Machine Learning mis à disposition.

Les offres de Cloud permettent de bénéficier de réduction de coûts régulières (ex : Amazon Web Services annonce plus de 67 réductions de coûts depuis 2006) et d’une panoplie toujours plus étendue de services. On retrouve donc les services standards tels que le stockage, bases de données, l’analyse de données, mais aussi les services Innovants tels que le Machine Learning (apprentissage automatique), l’IA (intelligence artificielle), la RV (réalité virtuelle) augmentée. A titre d’illustration, la RV offre de nouvelles possibilités pour aborder certains sujets comme la gestion des liens capitalistiques des grands groupes. Les outils développés avec la RV permettent aux analystes de crédit d’évoluer en 2D ou en 3D dans le grappage et de mieux apprécier les interdépendances entre les entités.

Les fournisseurs du Cloud l’ont imposé comme le principal terrain de jeu de l’innovation numérique. Ils ont ainsi contribué à réduire de façon significative la « fracture technologique » qui séparait les DSI des grands groupes bancaires, des nouveaux entrants (néo banques) aux moyens parfois plus modestes.  D’ailleurs, pour les FinTech et RegTech, le Cloud est rapidement devenu la nouvelle norme.

Le Cloud : une nouvelle opportunité ou une transformation déjà en marche ?

Si certaines entreprises se posent encore des questions en matière de risque opérationnel et de cyber sécurité (davantage sur le Cloud), les fournisseurs de Cloud hybrides et publics s’emploient à y répondre et vont au-delà du niveau opérationnel.

La sécurité et la confiance clients sont bien évidemment au cœur des préoccupations des fournisseurs du Cloud qui savent qu’un seul incident notable dans ce domaine pourrait leur être définitivement fatal.

Pour la fonction Risques, le changement de paradigme engendré par le Cloud est à considérer pour un large éventail de projets : refonte ou mise en place de Datahub, de moteur de calcul ou de fonction de simulation.

Si l’année 2017 a été celle des premières expérimentations, ce mouvement s’est accéléré en 2018. Des banques, de premier plan n’ont hésité à franchir le pas :

Tous secteurs confondus, on anticipe désormais une croissance annuelle de 15 à 20 % du marché des services de Cloud sur les 3 prochaines au niveau mondial. Cette tendance permet à certains opérateurs comme AWS de flirter avec un taux de croissance proche de 50% (sur les deux premiers trimestres 2018).

Flexible dans son utilisation, porteur de services innovants ou « intelligents », data-centric, le Cloud est en passe de devenir la nouvelle norme pour les acteurs bancaires. La matérialisation des bénéfices du cloud nécessite toutefois que les utilisateurs en appréhendent pleinement les enjeux et potentialités. La prise de conscience de la puissance des solutions offertes ne fait que commencer : les succès rencontrés par les premiers cas d’usage identifiés dans des domaines aussi pointus que les risques ou le réglementaire devraient entrainer une accélération forte du recours au Cloud dans les prochaines années.

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