Titre : L’optimisation financière du Cloud avec le témoignage de Veolia
Béatrice Rollet, CTO innovation & digital, cloud service director
Vous l'avez vu ces dernières années, notre société, l'industrie informatique, est en train de migrer d'un modèle d'investissement
à un modèle d'exploitation, Un modèle de Capex à un modèle d’Opex. Et avec l'arrivée du cloud public, ce phénomène s'accentue. On consomme désormais des ressources, des micro-ressources
en un seul clic, avec des appels API à foison et quasiment à l'infini. Et ce contexte d'abondance remet en cause la façon dont on travaille au sein des entreprises. Et avec Olivier Fontaine, qui est senior manager au sein
de Beamap, qui est une filiale de Sopra Steria, spécialisée dans le cloud, nous avons réuni des experts qui vont partager avec vous leurs retours d'expérience pour vous aider à franchir ce seuil et à adapter
votre gestion financière de l'IT à ces nouveaux enjeux. Quelle a été la génèse au sein de Veolia pour mettre en place une démarche Finops ?
Julien Desmettre, Cloud Platform domain leader
Avant tout, chez Veolia, on est des ressourceurs. Ça veut dire quoi être ressourceur ? C'est qu'on a l'ambition de ressourcer le monde. C'est une grande, c'est une belle ambition. Ça veut dire quoi ressourcer le monde ? Ça veut
dire optimiser, faciliter l'accès aux ressources élémentaires et optimiser leur réutilisation et leur revalorisation pour supporter cette stratégie. Il y a trois projets qu'on a mis en place déjà depuis
quelques années. Ces trois projets, c'est 1, le premier projet pour l'IT, ça s'appelle le Move to Cloud; deuxième projet pour le business, Data for Business et le troisième projet pour les collaborateurs, Satawad.
Et le FinOps, il est intrinsèque, il est natif dans ces trois projets grâce au Cloud Public.
Marlène Seif, cloud iot & transformation consultant
Il y a trois cas de figure qui dépendent du niveau d'avancement de l'entreprise dans le cloud. Premier cas de figure, une entreprise qui a déjà une première présence dans le cloud, des applications non critiques
qui se déploient doucement, la facture qui tombe un petit peu tous les mois et puis tout d'un coup, subitement, une facture très importante. Deuxième cas de figure, une entreprise bien installée dans le cloud, avec
des montants de facturation significatifs. Une facture de, par exemple, 1 million d'euros par mois. Le FinOps apporte 20 % d'économies. Troisième cas de figure, un projet de migration du SI dans le cloud. Il est dit que le Cloud
apporte des économies. Première question : est ce que c'est vrai pour moi ? Deuxième question : est ce que je sais l'évaluer ? Troisième question : est ce que je sais le maîtriser ?
Julien Desmettre
Dès 2013, on a fait le choix du cloud public chez Veolia avec AWS et GCP. Et dès 2015, on a intégré dans nos activités l'activité FinOps. Ce qui nous a permis rapidement de mesurer
les bienfaits du cloud public et de mesurer les économies générées entre un datacenter physique classique et le cloud public. On a commencé également par migrer une application qui n'est pas la plus simple.
C'était notre ERP groupe, basé sur SAP ett on y est arrivé en moins d'un an et avec environ 20 % d'économies à la clé.
Olivier Fontaine, senior manager et coach agile.
De plus en plus d'entreprises ont entamé une migration, une stratégie multi cloud. Rémus, quelles conséquences ce choix a-t-il sur une approche FinOps ?
Rémus Vlasie, senior managerMalgré le fait que chacun des Cloud Provider propose ses propres outils pour manager ses coûts, ça manque de visibilité globale et pour cela, on a besoin d'outils qui se sont spécialisés dans ce cas de figure,
des outils de FinOps..
Frédéric Breton, principal sales manager EMEA
Les outils natifs des Cloud Providers vont vous donner une vue effectivement sur les coûts, la facturation puisqu'il vous facturent donc il faut bien qu’ils expliquent leur facture, maiis souvent, la vue, elle est très technique. Et
la problématique pour vous, ça va être de comprendre en fait vos coûts par rapport à vos applications, par rapport à vos projets, par rapport à vos business lines. Des outils tiers comme le nôtre
vont vous permettre justement de pouvoir catégoriser et de fournir un show back bien plus clair sur qui consomme quoi, qui dépense quoi.
Olivier Fontaine
Rémus, au-delà des aspects techniques, comment prépare-t-on une migration d'un point de vue financier ?
Rémus Vlasie
L'adoption du Cloud doit s'accompagner d'un business case. Il ne faut pas aller dans le cloud sans être passé par cette étape qui est vraiment très importante. Ce que doit mettre en évidence
le business case, ce sont en général les coûts de l'infrastructure on premise versus le coût de l'infrastructure dans le cloud, les coûts des migrations, ce qu'on appelle la bulle des migration. Ce qui est le plus
intéressant, ce qui nous aide beaucoup, ce sont les outils de type FinOps également qui peuvent faire une découverte de l'infrastructure on premise et qui peuvent nous proposer une projection du coût de l'infrastructure
dans le cloud. Et un tel outil c’est Cloud Health.
Frédéric Breton
Grâce à notre outil, on peut immédiatement calculer aujourd'hui quelle est votre consommation et estimer ce qu'elle pourrait être en terme de coûts, dans le cloud.
Béatrice Rollet
Quels sont justement les pièges à éviter autour de cette phase de migration ?
Marlène Seif
La route est pavée de pièges. On peut les rencontrer dans toutes les entités de l'entreprise parce qu'elles sont toutes impliquées dans le cloud public. Les finances, les achats, le juridique, toutes les entités clientes
internes, en plus de l’IT. Pourquoi faut-il apporter de la transparence ? L'objectif de la transparence, c'est que pour un client qui se comporte vertueusement de l'encourager à continuer à réduire les coûts. A l'opposé,
un client qui risque de surconsommer, de le responsabiliser. Et comme ça, on évite l'effet open bar. Si on n'adapte pas nos processus, les clients vont quand même acheter potentiellement en sortant leur carte de crédit.
Et donc on va se retrouver dans des situations de shadow IT, de l'informatique dans l'ombre qui échappe à tout processus et qui échappe à tout contrôle.
Béatrice Rollet
On a vu qu'il y avait une grande tradition de surdimensionnement dans les data centers en raison de la difficulté de gérer le capacity planning. Est-ce que vous observez à travers les outils et les nombreux clients que vous accompagnez
ce type de phénomène ?
Frédéric Breton
On constate effectivement souvent du surdimensionnement. On constate aussi de la mauvaise allocation de ressources dans le sens où vous ne pouvez pas avoir choisi le bon type de VM en termes de mémoire, etc,
par rapport à l’utilisation. Souvent, quand notre plateforme installée chez les clients, sur la notion de Right Sizing, on peut voir des projets où ça va être 80 % d'économie.
Béatrice Rollet
Je vous propose maintenant de nous plonger dans un cas d'usage assez commun. Je vous ai vu réagir tout à l'heure lorsqu'on a parlé de Shadow IT.
Frédéric Janicot, Directeur de proposition.
Souvent, ça a été évoqué. Le Shadow IT a un poids important dans l'usage du cloud. Souvent, c'est un usage qui est donc subi, qui est à l'initiative
des directions métier. Donc, le client a fait sa migration, et on voit une explosion ou une évolution significative des coûts. Donc ça, c'est le détecteur. Après on il y a trois temps : c'est diagnostiquer,
donc on le fait au travers d'une phase d'audit, on va analyser le pourquoi. Deuxièmement, c'est de sensibiliser et d'informer. Et puis, troisièmement, c'est de piloter ces usages de façon récurrente pour anticiper autant
que faire se peut tous ces usages, entre guillemets, cachés.
Julien Desmettre
On a été accompagné dès le début par des experts, c'est très important, pour mettre en place les bonnes pratiques. Notamment, là on travaille depuis 2015 avec Beamap qui nous a accompagnés à
mettre en place les bonnes pratiques et la maîtrise du FinOps, premier point. Deuxième point, ça a été la formation, la sensibilisation des équipes IT. Le troisième point, ça a été
la diffusion de cette information. Non seulement auprès de l’IT, auprès des managers, mais également auprès des directeurs financiers et auprès des responsables applicatifs. Et là, actuellement,
on évalue avec Sopra Steria et avec Cloud Health, l’aspect de mise à l'échelle de cette culture FinOps à l'ensemble du groupe, notamment avec un outil plus industriel comme Cloud Health.
Olivier Fontaine
Un des leviers pour gérer cette optimisation va être d'activer des modèles de pricing, des modèles qui vont être dits engagés ou réservés. Frédéric, que pourriez-vous
nous dire sur ces différents modèles ?
Frédéric Janicot
Depuis quelque temps, les modèles dits à la réservation permettent, en engageant sur la durée un volume, d'avoir des conditions financières préférentielles. Un service, on peut y gagner entre 50 et
70% de façon unitaire.
Julien Desmettre
A moi, le mot de la fin.
Béatrice Rollet
Exactement.
Julien Desmettre
On a beaucoup parlé de FinOps. Mais je souhaiterais apporter l'expérience de Veolia sur les succès de la mise en place, de la réalisation et de la pérennité, on va dire de la culture FinOps.
Le FinOps, dans vos organisations, doit être agile. C'est-à-dire qu'il doit être par itérations successives. Il doit être l'affaire de chacun, chacun a son rôle à jouer. Ensuite, deuxième point
important, c'est que le FinOps, il est centré sur la donnée. La facture de vos Cloud Providers, c'est des millions de lignes tous les mois, c'est un véritable puits de données qu'il vous faut exploiter. Troisième
point, c'est que le FinOps, les économies que vous générez libèrent de la capacité financière pour éventuellement la réinjecter là où c'est vraiment important pour votre business.
Et puis maintenant, j'aimerais encore prendre un peu plus de recul par rapport au FinOps. C'est que chez Veolia, je l'ai dit au début, nous sommes des ressourceurs. Nous sommes tous des ressourceurs y compris dans l’IT, et donc on
se fait fort également dans l'IT de contribuer à une meilleure sobriété numérique.
Béatrice Rollet
Merci à vous, merci messieurs, merci madame. Merci pour votre attention et vos questions.