Les compétences digitales dans le monde progressent mais les entreprises d’aujourd’hui doivent aussi fournir les efforts nécessaires pour réduire le fossé entre la rapidité des développements
de l’IA et le niveau de leurs employés, selon Shalini Misra, Responsable des Offres numériques chez Sopra Steria.
Comme l’IPhone en son temps, le lancement de ChatGPT a marqué un tournant. L’IA, dont on aspirait seulement à se servir, est alors devenue la technologie que tout le monde voulait utiliser.
Les entreprises technologiques sont prêtes à exploiter le pouvoir transformateur de l'IA, non seulement en interne mais également comme catalyseur d'innovation pour leurs clients. L'IA dépasse la simple technologie,
elle représente une synergie entre l'ingéniosité humaine, l'évolution culturelle, les processus rationalisés et l'intégration stratégique des affaires.
L’harmonisation de ces dimensions est essentielle pour libérer pleinement le potentiel de l'IA. Mais avant cela, combler le fossé omniprésent de compétences numériques reste le plus redoutable des défis.
Et dans le paysage en mouvement de l'IA et de l'automatisation, les entreprises investissent des ressources considérables dans des initiatives de formation de leurs employés.
Bien que l’investissement financier puisse décourager, il est impératif d'œuvrer à améliorer les compétences de ses effectifs et de s’assurer que chaque employé a les capacités
de briller dans la nouvelle ère digitale qui se dessine.
L’IA et l’intelligence humaine
Il est encourageant de constater que 71 % des entreprises mondiales privilégient l’amélioration des compétences et la formation de leurs employés plutôt que de les remplacer par des solutions alimentées
par l'IA.1 Aux États-Unis, les entreprises ont dépensé un montant record de 100 milliards de dollars en 2022 pour cela.2
Cette même année, l'Union européenne a investi la somme considérable de 355 milliards d’euros en Recherche et Développement. Ces dépenses représentaient 2,24 % du PIB de l'UE pour cette
année-là, contre 2,08 % en 2021. Bien que ce chiffre englobe toutes les activités de R&D, et pas seulement l'apprentissage et le développement de compétences, il témoigne d’un véritable
engagement en faveur des avancées dans ces domaines.
Cependant, malgré ces sommes substantielles, cet engagement reste une goutte d'eau dans l'océan quand on sait que d’ici seulement trois ans six employés sur dix devront avoir acquis de nouvelles compétences
pour effectuer leur travail, et que tout indique que seule la moitié d'entre eux aura accès à cette nécessaire formation.3 Il n’est pas étonnant que 30 % des employés dans le monde craignent
que l'IA remplace leurs emplois dans les trois prochaines années.4
Selon moi, les entreprises qui réaliseront des avancées exponentielles sont celles qui non seulement exploiteront l'intelligence artificielle et la data, mais réussiront en outre à les combiner avec le potentiel illimité
du talent humain et de l'esprit d'innovation.
L’IA inquiète, mais fait aussi naître de l’espoir. 70 % des personnes ressentent de l’enthousiasme pour l'IA, selon une étude du Boston Consulting Group, et 60 % ont confiance en la capacité de l'IA
à les aider à progresser dans leur apprentissage et leur éducation.5
“L’IA inquiète, mais fait aussi naître de l’espoir »
L’IA est une amie plutôt qu’une ennemie
Dans le même temps, les offres d’emplois qui nécessitent des compétences en IA ont explosé. Randstad, recruteur mondial, a noté une augmentation de 2000% l’an dernier dans ce domaine.
Améliorer ses compétences en IA est un investissement plus qu’intéressant face à cette demande. Sopra Steria a développé et maîtrise aujourd’hui, à sa propre initiative,
ce domaine d’apprentissage.
Notre programme « IA Pour Tous » vise à perfectionner en IA tous types d’employés et à les sensibiliser à son impact, ses avantages, ses inconvénients,
etc. Nous proposons également des formations plus spécialisées pour appliquer dès à présent les outils d'intelligence artificielle existants dans diverses spécialités.
Par exemple, pour les développeurs, une formation en ingénierie des prompts ; pour les architectes, la formation pourrait porter sur les meilleures pratiques en architecture de référence ; en management, l'accent pourrait
être mis sur l'IA pour les compétences commerciales.
Parce que la technologie de l’IA évolue constamment, l'apprentissage continu doit être un priorité et chaque organisation devrait
fournir à ses employés les ressources nécessaires pour rester dans la course, au risque de se laisser distancer.
Se perfectionner : un impératif pour les entreprises
Parlons profit : selon une étude récente de Microsoft, pour chaque euro investi dans l'IA, une entreprise obtient un retour moyen de 3,50 euros, ce qui prouve la valeur commerciale de l'IA6. Cependant, pour transformer cet outil
puissant en profit, les bonnes personnes avec les bonnes compétences sont nécessaires.
« Pour transformer cet outil puissant en profit, les bonnes personnes avec les bonnes compétences sont nécessaires"
Les entreprises qui améliorent les compétences de leur main-d'œuvre pour tirer le meilleur parti de leurs investissements en IA et en automatisation en tireront des bénéfices commerciaux considérables.
Prenons l'IA générative, par exemple : près de deux tiers des répondants à une enquête de McKinsey ont indiqué que leurs entreprises utilisent régulièrement l'IA générative.7
Cela semble couler de source lorsque l’on sait aussi qu’elle améliore la performance d'un employé hautement qualifié jusqu'à 40 % par rapport à un employé qui ne l'utilise pas.8
Un mouvement mondial
Aujourd’hui, l’IA concerne le monde entier ; c’est aussi le cas du fossé des compétences numériques. Des efforts encourageants sont cependant faits pour le combler. Ainsi, quelques 36 grandes entreprises
allemandes se sont regroupées pour offrir des formations à leurs travailleurs. 9 Le Japon a investi 400 milliards de yens sur trois ans pour requalifier 1 million de travailleurs.10 La plateforme du Forum économique mondial,
Reskilling Revolution, cherche à atteindre 600 millions de personnes pour les aider à préparer leurs carrières en y incluant des compétences numériques en IA, Big Data et programmation.11
Le Royaume-Uni cependant, offre le tableau plus contrasté d'une main-d'œuvre désavantagée dans le numérique, par rapport à des leaders européens comme la France et l'Espagne. 12
Bien que les communiqués gouvernementaux vantent la manière dont le Royaume-Uni deviendra une puissance technologique d'ici 2030, il se classe actuellement au 45e rang sur 109 pays dans un rapport mondial sur les compétences
digitales professionnelles.
Mais il y a quand même des signes de changement, et je suis ravie de constater une augmentation des compétences en IA ; le Royaume-Uni a ainsi connu une croissance de 961% dans ce domaine au cours des 12 derniers mois.13
Même si c’est inférieur à la moyenne mondiale, cela témoigne au moins de la volonté de tirer parti de l'intelligence artificielle. Aujourd’hui, les professionnels ont seulement besoin de plus de portes
ouvertes pour profiter pleinement de cette technologie.
À l’échelle mondiale, plus de la moitié (52 %) des gens ont la conviction que l'IA les aidera à faire progresser leur carrière et à obtenir une promotion.14 Pour que cela puisse se réaliser,
il revient à leurs employeurs d’être les véritables catalyseurs du changement : non seulement en embrassant l'intelligence artificielle, mais aussi en s’engageant réellement dans le développement
du plein potentiel des personnes.
L'IA touchera tous les aspects de nos vies, de la manière dont nous travaillons à la manière dont nous interagissons. Je peux affirmer fièrement que chez Sopra Steria, nous avons le potentiel de redessiner complètement
le paysage.