Sopra Steria, acteur majeur de la tech en Europe, a lancé le programme Handitutorat en 2013. Ce dispositif vise à favoriser l'accès à l'enseignement supérieur des lycéens en situation de handicap, grâce à l’accompagnement d’élèves ingénieurs formés par la Mission Handicap de Sopra Steria.
Qui mieux que des jeunes pour en aider d'autres ? De fait, les uns et les autres sont de la même génération et partagent les mêmes envies, la même vision du monde. C'est l'idée qui a sous-tendu l'initiative prise par Sopra Steria, celle du programme Handitutorat, dans le cadre d'un premier accord d'entreprise sur le handicap, en 2013. Depuis, quatre accords ont suivi et le programme demeure. Ils visent toujours le même objectif : agir au sein de l'entreprise comme à l'extérieur pour favoriser l'accès et le maintien dans l'emploi de salariés en situation de handicap. Dans l’entreprise, les ressources humaines et le management sont évidemment parties prenantes de cet objectif. Mais à l'extérieur ? Comment trouver des relais ? Et si ces relais étaient de jeunes étudiants engagés ? En école d'ingénieurs, ils accompagneraient des lycéens en situation de handicap, pour les encourager à poursuivre leurs études après le bac et trouver ensuite un métier à la hauteur de leurs ambitions et de leurs compétences.
Un accompagnement individualisé pour briser le plafond de verre du handicap
« Alors que les jeunes en situation de handicap ont souvent besoin d'un soutien scolaire individualisé, ce modèle n'existe pas ou peu. Le résultat, c'est qu'ils ont beaucoup de difficultés à poursuivre des études post-bac. Nous nous sommes demandé comment nous pouvions changer cela. L'origine du programme Handitutorat tient en partie à ce plafond de verre pour ces jeunes », explique Philippe Baconnet, responsable de la Mission handicap de Sopra Steria.
En effet, en France, 80 % des personnes en situation de handicap ont un niveau de formation inférieur au bac et leur taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne nationale... Ce qui implique d'un côté des jeunes, prometteurs mais ne pouvant pas déployer leurs ailes ni trouver leur place dans la société et le monde du travail, et de l'autre, des entreprises toujours en recherche de compétences, en particulier dans des secteurs porteurs comme le numérique, et qui pâtissent du manque de candidats à l'embauche. « Nous n'avions pas comme objectif de drainer des candidats pour l'entreprise avec ce programme », tient cependant à préciser Philippe Baconnet. La vision de Sopra Steria est clairement plus large et plus sociétale.
Un programme plébiscité par les écoles partenaires
Sopra Steria a noué des partenariats avec plusieurs écoles d’ingénieurs, telles que CentraleSupélec Paris, CPE Lyon, l'Isima à Clermont-Ferrand, l'ENSEIRB-MATMECA à Bordeaux, l'Enac à Toulouse, l'Insa à Rennes, CentraleSupélec Rennes, ou encore l'Efrei à Paris. Sur la base du volontariat, des étudiants s’engagent sur une année scolaire pour accompagner des lycéens en situation de handicap. Il s'agit principalement de les aider dans leurs apprentissages et leur travail scolaire, mais surtout de leur montrer qu'ils peuvent réussir, et pourquoi pas, entrer à leur tour dans l'une de ces écoles et décrocher ensuite un poste à la mesure de leurs rêves. Bref, il s'agit de leur redonner confiance et de les aider à élaborer des projets d’études ambitieux.
Chaque année, nombreux sont les étudiants des écoles partenaires qui répondent à l'appel. « Nous leur demandons toujours leurs motivations et nous les formons à la prise en compte du handicap en insistant sur le fait qu'aucune question ne soit posée sur l’origine du handicap du jeune qu'ils auront à accompagner. L'idée est de s'intéresser à la personne avant tout », indique Claire Desroches, responsable Diversité, Egalité et Inclusion à CPE Lyon. Cette école d'ingénieurs spécialisée en chimie et en sciences du numérique participe au programme Handitutorat depuis ses débuts. « Si environ 70 % des étudiants volontaires ont déjà été confrontés au handicap, dans leur entourage ou au lycée, tous veulent faire la différence. Et ils ne s'engagent pas à la légère », poursuit-elle. D'autant que si le programme prévoit la constitution d'un binôme pour un an - « certains binômes restent en relation bien plus longtemps », relève Claire Desroches, et CPE Lyon leur demande de s'engager pour trois ans.
De futurs managers sensibilisés au handicap
« Certains étudiants y voient aussi l'occasion d'acquérir de nouveaux soft skills, qui leur serviront dans leur évolution professionnelle », ajoute-t-elle. Mieux : en plus d'une sensibilisation au handicap obligatoire pour tous les étudiants, CPE Lyon a créé, un module complémentaire de capacité en management du handicap. Et là encore, les étudiants embarquent. « Cette année, sur 1 000 étudiants, 181 ont décidé de suivre cette formation complémentaire », se félicite Claire Desroches. De quoi favoriser encore plus l'attention au handicap dans leurs futures fonctions.
Autant dire que l'initiative de Sopra Steria, qui a déjà permis de tutorer 400 lycéens depuis son lancement, n'est pas qu'une simple ligne supplémentaire sur un CV d'ingénieur, elle a un impact bien plus profond sur le monde du travail...