Industrie 5.0 : le numérique, acteur et partenaire d’une industrie humaine, résiliente et durable

par William Chahinian - Responsable Manufacturing et Supply Chain Aeroline - Sopra Steria
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Pour Guillaume Faury, CEO d’Airbus et président du GIFAS, la capacité de l’industrie aéronautique à soutenir la demande croissante des compagnies aériennes et à transformer son modèle industriel pour le rendre durable sont deux enjeux majeurs. Produire plus, sans consommer plus.

Dans un monde où les ressources ne sont plus infinies, l’industrie 5.0 répond aux enjeux sociétaux et climatiques, en s’appuyant sur trois piliers : la durabilité, la résilience et l’humain. Les crises mondiales (climat, COVID, …) ont placé cette transformation au cœur des préoccupations des entreprises, des citoyens et des pouvoirs publics.

La transformation numérique de l’industrie 4.0 a soutenu l’optimisation et l’efficacité industrielle. L’industrie 5.0 développe les capacités d’anticipation et de simulation. Elle rend le fonctionnement industriel plus agile et flexible et intègre le système engineering dans le système industriel : modéliser, simuler, choisir, implémenter, vérifier et s’améliorer continuellement.

Améliorer la résilience, pour une efficacité durable du système industriel et de toute la Supply Chain étendue

Une véritable prise de conscience est en marche en matière d’Efficacité, qui résulte d’une combinaison entre Qualité des solutions et Adoption par les utilisateurs : E=QxA.

Trois grands piliers définissent aujourd’hui l’industrie 5.0 : 

  • La résilience, renforcée par la dépendance croissante à la Supply Chain dans la fabrication d’un produit. Elle constitue un plan alternatif en cas de problème et permet d’éviter les perturbations dans la chaîne de production, ce qui est le graal industriel.
    L’Industrie aéronautique doit faire face à une demande volatile et donc adapter ses cadences de production dans les meilleurs délais et aux meilleurs coûts, afin de respecter la promesse client. Industrie complexe, elle doit déployer de nouveaux moyens pour y parvenir. Comment disposer d’une prévision fiable incluant toute la Supply Chain ? Comment agir sur celle-ci et se doter d’un plan alternatif ? Comment assurer la montée en cadence ? Autant de questions à adresser dans les stratégies de transformation digitale.
  • La durabilité ou comment répondre aux enjeux sociétaux et climatiques. Avoir une stratégie permettant de produire plus en consommant moins de ressources. Pour déployer des processus de production vertueux pour l’environnement, il faut plus qu’une intime conviction, il faut aussi disposer de moyens de simulations pour transformer un processus industriel sans perturbation. Cela repose sur le jumeau numérique du système industriel et de la Supply Chain étendue. Cette capacité à simuler l’intégration progressive de changements dans le processus industriel permet de sécuriser parfaitement leur déploiement.
  • L’humain au centre pour garantir l’efficacité de la solution par son adoption. Donner de l’autonomie aux équipes de production est essentiel pour garantir un accès facile à la bonne information, limiter les impacts négatifs et faire les bons choix. C’est la base de la collaboration entre l’humain et le numérique, qui doit être, lui, à son service. Libérer le potentiel humain permet d’investir plus d’intelligence cognitive afin de résoudre des problèmes, améliorer la qualité, déployer la créativité.

L’écosystème industriel doit fonctionner comme le corps humain. Il doit pouvoir s’adapter en toute autonomie, faire preuve de réflexes sur des sujets standardisés et interagir avec l’humain pour résoudre des problèmes complexes. La digitalisation permet/favorise cet échange naturel entre les équipes de production et le jumeau numérique.

Le numérique, c’est voir plus loin pour anticiper, simuler et déployer efficacement des plans alternatifs. Les articles manquants ? nous avons tout pour les détecter, évaluer leurs impacts en cascade dans le système de production grâce au PLM (Product Lifecycle Management) et à l’ERP (Enterprise Resource Planning) et les réorganiser. L’industrie 5.0 c’est passer de la gestion des manquants à leur éradication.

Le numérique pour améliorer la collaboration entre les humains et l’environnement industriel
L’Industrie 5.0 l’humain au cœur du projet 

Dans l’exemple ci-dessus, c’est la numérisation de la supply chain étendue qui permet de voir plus loin et de simuler mieux. On entre dans la nouvelle ère industrielle où l’usine et la supply chain étendue sont virtualisées et connectées.

Pour déployer l’environnement digital de l’industrie 5.0, il faut disposer des expertises sur les activités métiers de l’écosystème industriel, maîtriser ses backbones digitaux (PLM, ERP, Cyber, IA, IOT, 5G, Infra) et savoir collecter et interpréter les données présentes dans le Système d’Information. Cette transformation implique un accompagnement du changement : E=QxA, sans adoption, l’efficacité est nulle. L’Industrie 5.0 place l’humain au cœur du projet. 

Pour les industriels de l’aéronautique, passer de l’optimisation et de l’efficacité à l’anticipation et à la simulation est une transformation majeure de leur système industriel. Ils peuvent s’appuyer sur leurs actifs digitaux et leurs données existantes. Ils ont déjà subi plusieurs vagues d’harmonisation et de standardisation. Le DMAIC@scale permet d’étendre progressivement la couverture à l’ensemble de l’écosystème, tout en engageant l’étape suivante sur un périmètre restreint. Ce ne sera pas un Big Bang.

La résilience, la durabilité et l’humain sont les piliers indissociables de cette transformation qui met le numérique encore plus au service de l’homme.

Que reste-t-il à faire pour lancer cette transformation ? Trouver les bons partenaires du numérique et de l’industrie aéronautique. 

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