Donner l’opportunité à chacun de vivre son identité de façon ouverte

 


Engagé pour la diversité depuis plusieurs années, Damien Mantoulan est référent LGBT+ depuis un an. Par ses actions, il participe à l’inclusion des personnes LGBT+ dans le monde du travail. Dernière initiative en date : la création d’un groupe de travail chez Sopra Steria. Son objectif : recenser les actions mises en œuvre au sein du Groupe, et développer de nouvelles actions complémentaires en faveur de l’écoute et de l’inclusion.

Rencontre. 

Damien, Pourquoi faut-il faire bouger les lignes en matière d’inclusion des personnes LGBT+ dans le monde du travail ? Quels sont les principaux défis à relever ?

Il est vrai que les personnes LGBT+ sont plus visibles aujourd’hui, y compris dans le monde professionnel. Si la situation a pu s’améliorer à certains égards pour les personnes LGBT+, elle n’est pas totalement apaisée pour autant. Ce qui reste difficile pour une personne LGBT+, dans le monde du travail, c’est de se sentir « hors cadre ». On n’en a pas forcément conscience, mais nous évoluons dans une société qui reste très normative. Et c’est cette norme qui régit notamment les conversations entre collègues. Une illustration personnelle : pendant longtemps, on m’a demandé si j’avais une femme et des enfants, et je n’étais pas suffisamment à l’aise avec mon identité pour m’affirmer comme gay. Ces questions toutes simples, et très amicales, me mettaient donc en difficulté. Aujourd’hui, je voudrais contribuer à faire changer les mentalités et à normaliser le fait qu’une personne puisse avoir un conjoint du même sexe, ou qu’elle soit en transition, qu’elle puisse le dire, et qu’elle ne soit ni ignorée ni ostracisée pour cela.

Quelles sont vos pistes d’action au sein du groupe de travail que tu as lancé ?

Cette démarche est encore très récente, la première réunion du groupe de travail s’est tenue il y a quelques jours à l’occasion du Pride Month. Mais on peut déjà retenir trois choses importantes. La première c’est la motivation et l’engagement des personnes qui participent à ce groupe de travail. Il y a beaucoup d’enthousiasme et d’énergie, c’est très positif. Le second point, c’est que les membres de ce groupe ne se limite pas aux seuls représentants de la communauté LGBT+. On y retrouve des collaborateurs qui s’intéressent au sujet et qui veulent s’engager en tant qu’alliés. Et ça, c’est extrêmement positif ! Le troisième point, c’est que nous avons convergé autour d’un objectif partagé, qui est de renforcer la visibilité des collaborateurs référents sur le sujet, dont le rôle principal est d’accompagner et d’orienter vers l’un des acteurs de la prévention de Sopra Steria selon les situations rencontrées y compris d’ordre personnel.

Quand on parle d’écoute et d’inclusion, on veut en effet non seulement que les personnes LGBT+ puissent se sentir écoutées mais aussi que toutes les personnes qui se posent des questions et ne savent pas comment agir ou réagir face à une situation qui touche un collègue, un membre de leur famille, etc., puissent également se tourner vers un interlocuteur qui saura les orienter.

Le fait de t’engager pour l’inclusion des personnes LGBT+ dans le monde du travail, est-ce une démarche qui t’est venue naturellement ?

Non, pas vraiment. Au début, j’ai été mal à l’aise avec le fait de m’engager sous la bannière LGBT+. Je ne voulais pas que mon appartenance à la communauté gay soit perçue comme le seul motif de mon engagement, alors même que j’étais engagé de longue date pour la diversité sous toutes ses formes. La raison de mon engagement n’est pas liée à ma situation personnelle. Elle est liée à une volonté de faire de notre entreprise une société inclusive dans laquelle chacun peut travailler et s’épanouir en étant lui-même, sans être discriminé pour quelque raison que ce soit. 

As-tu déjà rencontré des difficultés ou des formes de discrimination liées à ton orientation sexuelle dans le monde du travail ?

Pour moi les choses se sont déroulées de façon plutôt simple. Mais je suis conscient, ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai longtemps travaillé en Angleterre, où j’ai pu vivre ouvertement et sans difficulté mon appartenance à la communauté gay. J’avais alors le sentiment que les choses ne se seraient pas déroulées de façon aussi simple en France. Mais quand je me suis installé à Toulouse, il y a sept ans, j’ai réalisé que la société était bien plus ouverte que ce que je pensais et que je pouvais vivre ouvertement mon identité, sans problème. Aujourd’hui, j’ai réalisé que j’ai longtemps été acteur de ma propre discrimination, car il m’a fallu du temps pour être à l’aise avec mon identité, pour être ouvert et pour en parler naturellement avec mon entourage.

Quels conseils donnerais-tu à des personnes LGBT+ pour mieux vivre leur identité dans le monde du travail ?

Je souhaiterais que tout un chacun se sente à même de pouvoir vivre son identité comme on l’entend, de façon ouverte ou non. C’est un choix individuel, qui appartient à chacun. J’ajouterais que dans mon cas, lorsque j’ai décidé de vivre mon appartenance à la communauté gay sans tabou, les réactions ont été unanimement positives et bienveillantes.