Sopra Steria Next mécène de la chaire "Digital, gouvernance et souveraineté" à Sciences Po 

 

Aujourd’hui, la transformation numérique croissante soulève de nouveaux enjeux d’ordre politiques, économiques, sociétaux et éthiques. Dans ce contexte, les Etats sont confrontés à une difficulté d’appliquer une réglementation nationale sur le domaine du numérique. En parallèle, des acteurs majeurs internationaux bénéficient d’une prévalence toujours plus forte.

C’est pourquoi, Sopra Steria Next en 2019 a signé une convention de mécénat de 5 ans pour soutenir la chaire "Digital, gouvernance et souveraineté" de Sciences Po. Grâce au soutien apporté par Sopra Steria Next, l’Ecole d’affaires publiques de Sciences Po permet à des universitaires, chercheurs, doctorants et professionnels de réfléchir aux nouvelles modalités de gouvernance et aux adaptations de la souveraineté à ce nouveau contexte. La chaire est placée sous la direction de Florence G’sell, agrégée de droit privé, professeure des universités.

La Chaire articule ses travaux autour de trois axes :

  • Les enjeux de souveraineté : comment penser de nouveaux modes de gouvernance dans un monde numérique où les frontières s'estompent ?
  • Les enjeux de régulation : comment appréhender l'émergence du capitalisme de plateforme ainsi que les évolutions technologiques (intelligence artificielle, blockchain) ?
  • Les enjeux démocratiques : comment aménager une place pour le numérique dans le débat public sans nuire à son bon fonctionnement ?

 

 


Lancement de notre chaire "Digital, gouvernance et souveraineté" avec Sciences Po
Titre : Repenser la souveraineté numérique avec Sciences Po

Sopra Steria Next et Sciences Po lancent la chaire “Digital, gouvernance et souveraineté”.

Depuis quelques années, les États sont confrontés à une difficulté d'appliquer une réglementation nationale sur le domaine du numérique. En parallèle, des acteurs majeurs internationaux, notamment américains, bénéficient d'une croissance de plus en plus forte. Nous avons plus que jamais besoin de penser le monde dans lequel nous vivons.

Frédéric Mion, directeur de Sciences Po
La chaire “Digitale Gouvernance et souveraineté” de Sciences-Po a pour ambition de s'intéresser aux questions suscitées par la transformation numérique, qui affecte aujourd'hui en profondeur tant l'économie, les politiques publiques que nos modes de vie quotidiens. 
Son rôle : animer un écosystème d’acteurs publics et privés sur les sujets de la transformation numérique.
Elle concentre son activité sur les principaux enjeux suscités par la transition numérique, qu'il s'agisse de souveraineté, de régulation ou d'enjeux démocratiques. Par ce partenariat, Sopra Steria Next apporte son soutien sur cinq ans à la recherche en sciences sociales autour d'une thématique majeure très liée à l'identité du groupe.

Vincent Paris
Sopra Steria est un groupe éminemment français et européen. Tout comme nos clients, nous sommes un acteur majeur de notre secteur et sommes confrontés à ces problématiques de souveraineté. Chaque jour, nous œuvrons à leurs côtés et les accompagnons dans les changements que la Chaire étudiera. Par ailleurs, et d'une manière générale, nous croyons en l'intelligence collective et sommes convaincus qu'elle contribue à faire avancer le monde. C'est pourquoi cette chaire s'inscrit pleinement dans l'ADN de notre groupe.

Explore la souveraineté numérique, avec la Chaire Digital, Gouvernance et Souveraineté

Interview Guillaume Tusseau
Explore la souveraineté numérique - Chaire Science Po & Sopra Steria Next

Orateur : Guilaumme Tusseau

Mon nom Guillaume Tusseau.
Je suis professeur de droit public à l'École de droit de Sciences Po et membre de l'Institut universitaire de France.

Mes deux champs de spécialité sont d'un côté le droit constitutionnel, plus particulièrement le contentieux constitutionnel et le contentieux constitutionnel comparé, et d'un autre côté, la philosophie du droit, et notamment la théorie analytique du droit et la philosophie du droit de Jeremy Bentham.

L'activité des platesformes ou de la plupart des acteurs du numérique a un impact fondamental aujourd'hui sur des droits essentiels comme la liberté d'expression, la liberté économique, la liberté de réunion, la liberté politique et donc sur des valeurs qui sont de manière centrale des valeurs constitutionnelles.
Par exemple, une plateforme va conditionner la manière dont s'échange une information et donc elle met très directement en cause la liberté d'expression.

L'éventuelle modération dont vont faire l'objet certains contenus, mais de manière semblable en question la liberté d'expression.

La faculté de développer un discours de haine, la possibilité que ce discours fasse l'objet d'un retrait de la part de la plateforme met également en cause la liberté d'expression et aussi d'autres valeurs fondamentales comme la dignité, la non-discrimination, le respect dû à l'autre et donc mettent en cause des valeurs qui sont des valeurs constitutionnelles.
Donc pour un constitutionnaliste, il est assez naturel de s'intéresser à cette dimension des choses.
Mais il y a plus que la simple application de droits fondamentaux ou classiques à un univers nouveau.

Il y a aussi le fait que ces plateformes de manière de plus en plus autonomes, précisément parce que les Etats ont renoncé à réglementer ou à réguler un certain nombre de leurs comportements pour ne pas porter atteinte eux-mêmes à des libertés économiques, à la liberté d'expression de ces entreprises privées ou au droit à développer de nouvelles technologies.

Les Etats ont renoncé à la réglementation et ont d'une certaine manière délégué des fonctions d'organisation par exemple du débat public à ces plateformes.

Donc, de ce point de vue, non seulement il y a des droits fondamentaux classiques qui trouvent à s'appliquer, des fonctions qui sont des fonctions publiques, mais en plus une nouvelle sphère sociale qui tend à s'auto-constitutionnaliser du fait de la délégation de l'Etat ou des personnes publiques et à occuper des fonctions qui auparavant étaient celles de l'Etat. Donc, à nouveau, le constitutionnaliste peut se dire que d'une certaine manière, la grille de lecture qu'il apporte peut être pertinente pour analyser ces nouveaux cas.

La protection des droits fondamentaux classiques, leur formulation, qui date de près de 200 ans, est-elle suffisante pour appréhender de nouveaux phénomènes, des nouvelles technologies, des nouveaux supports d'exercice de ses droits ?

Ou bien doit-on au contraire inventer de nouveaux droits qui soient des droits constitutionnels 2.0 et des droits constitutionnels propres aux nouvelles technologies ?

De même, doit-on se contenter d'un système de séparation des pouvoirs tel qu'il existe aujourd'hui, ou bien doit-on repenser la séparation des pouvoirs si on voit qu'une plateforme est à la fois le législateur par les conditions d'accès aux services qu'elle élabore, par la manière dont elle les exécute, elle les met en œuvre et par le fait que cette plateforme va également avoir la troisième fonction, non seulement législative, exécutive, mais encore judiciaire, de trancher les éventuels conflits qui s'élèvent entre la personne dont un tweet a fait l'objet d'une modération ou la personne dont un message a été effacé ou dont un message n'est plus accessible dans un certain état ?

La sphère du digital est une sphère où s'applique les droits fondamentaux classiques, mais elle est aussi une source de réinvention des droits fondamentaux et une source de promotion de nouvelles figures des droits fondamentaux.
On peut penser par exemple au droit fondamental à la connexion à Internet que le Conseil constitutionnel a consacré.

On peut ensuite penser à des droits tels que la protection des données personnelles, le droit à la portabilité des données ou bien dans le cadre de processus de décision ou interviennent des algorithmes, une forme due process of law qui serait de nature à limiter la part que l'algorithme a, dans la prise de décision, à informer le destinataire de la décision, de l'intervention d'une intelligence artificielle dans la prise de décision et à donner un droit de contester ou de faire valoir des arguments face au processus qui a été mis en œuvre.

La Constitution du Chili a été amendée en 2021 pour y inscrire à l'article 19 le droit à l'autodétermination neuronale.
C'est l'idée que, face à des algorithmes et des sites qui nous connaissent de plus en plus et nous connaissent parfois mieux que nous mêmes, nous nous connaissons qui sont en mesure d'anticiper nos besoins, d'anticiper nos envies, d'anticiper nos demandes.
Il est nécessaire de sauvegarder l'autonomie individuelle.
Interview Sarah Guillou
Explore la souveraineté numérique - Chaire Science Po & Sopra Steria Next

Orateur : Sarah Guillou

Donc à la Chaire, je fais partie des économistes. Comme vous savez, il y a plusieurs disciplines. Donc je suis économiste et je suis directrice du département innovation et concurrence à l'Observatoire français des conjonctures économiques, qui est un centre de recherche en économie de Sciences Po.

Alors dire que l'Europe serait une colonie numérique d'autres puissances, et précisément des Etats-Unis, je trouve que c'est, je pense, que c'est abusif et un peu caricatural de la situation. L'Europe a un décalage sur un certain nombre d'activités, elle est en retrait, elle n'est pas dominante dans certaines activités économiques, mais elle n'est pas dans une situation de colonie numérique. Elle a un certain nombre d'avantages comparatifs qu'elle doit sans doute intensifier et très certainement investir beaucoup plus dans les technologies numériques et la maîtrise de ces technologies pour acquérir une position plus compétitive vis à vis de la Chine et des Etats-Unis.

La part dans le PIB dans la somme des valeurs ajoutées de l'économie numérique, c'est entre 5% et 6% pour la France, pour l'Allemagne, assez proche, un peu moins pour l'Italie et un tout petit peu plus pour le Royaume-Uni par exemple, et beaucoup plus pour les Etats-Unis.
Donc c'est 9% du PIB pour les Etats-Unis, 5%, 6% pour l'Allemagne, la France. La Chine, c'est comme les puissances européennes centrales, donc c’est 5%, 6%. Alors qu'est ce que ça veut dire ces 5%, 6% : ça ne veut pas dire grand chose. Ce qui importe, c'est de voir qu'il y a quand même les Etats-Unis devant, ça c'est clair.

Et que cette part, elle augmente, mais pas tant que ça. Pourquoi ? Parce qu'en fait, au même moment, la création de valeur numérique, on a une amélioration de la qualité de ce qu'on produit et le prix baisse en fait. On voit bien tous nos nos instruments numériques, nos usages numériques en fait, deviennent de plus en plus compétitifs. Si on regarde du côté de combien d'entreprises on a, c’est là qu'effectivement l'Europe est un peu en retrait. C'est cette absence de champions numériques comparable à ce qu'on trouve aux Etats-Unis ou en Chine est souvent effectivement, l'argument sur lequel on se base pour dire l'Europe numérique, c'est pas ça, c'est vraiment on est vraiment en retard.

Je pense que c'est une lecture très biaisée de croire que l'économie numérique repose sur l'existence de champions, puisque ces champions n'ont pas forcément toujours une attitude qui vise à soutenir la souveraineté numérique des Etats.v Donc déjà un champion, ce n'est pas forcément un instrument de la souveraineté. Ce que révèle l'absence de champions, c'est sans doute d'abord le fait que le marché européen ne s'est pas intégré aussi rapidement, en tout cas, l'est aujourd'hui, mais pas encore autant que le sont les marchés américains ou le marché chinois. Cette absence d'intégration n'a pas été favorable à la naissance de champions numériques.

Mais ce n'est pas parce que l'Europe n'a pas de champions numériques qu’elle n’a pas une économie numérique qui a un potentiel et des qualifications en matière de maîtrise des technologies numériques qui ne sont pas porteuses de construction d’avantages comparatifs dans le futur. Mon avis, c'est que la souveraineté économique, c'est quelque chose qui se construit sans forcément détruire celle d'autrui. Et donc l'important, c'est à la fois la capacité d'anticipation et de ce que seront les innovations numériques de demain et d'adaptation par rapport aux besoins. Il y a quand même la nécessité que cette souveraineté numérique s'appuie aussi sur la société. C'est dans l'appropriation des technologies numériques que le pouvoir numérique des Etats va se solidifier.
Interview de Florence G'Sell
Je suis Florence G’Sell, je suis professeure de droit privé. Je me concentre sur les questions numériques depuis cinq ou six ans, que j'aborde de manière comparative, c'est à dire que j'étudie à la fois le droit français et le droit de l'Union européenne. Mais je regarde aussi beaucoup ce qui se passe aux États-Unis. Je suis titulaire de la chaire Digital, Gouvernance et Souveraineté depuis janvier 2020.

Alors, il est très difficile de répondre à la question de savoir si, d'un point de vue académique, d'un point de vue scientifique, on peut vraiment construire une réflexion à partir de cette expression de souveraineté numérique. Ce qui est sûr, c'est que chaque discipline aura sa propre approche et sa propre définition du terme de souveraineté numérique et qu'il sera, à mon avis, très difficile de se mettre d'accord sur une définition qui serait similaire quelle que soit la perspective retenue. L'autre remarque que j'aurai sur ce point, c'est qu'on voit cette expression de plus en plus utilisée dans le champ politique et même dans le champ militant, et qu'on a l'impression que plus cette expression est répandue dans les discours des uns et des autres, moins il sera possible de l'exploiter d'un point de vue scientifique et académique.

L’approche pluridisciplinaire, elle, est indispensable lorsqu'on aborde le numérique et c'est la raison pour laquelle la chaire travaille avec des juristes, mais aussi avec des économistes, mais aussi avec des sociologues, avec des spécialistes de sciences politiques, de manière justement à avoir une approche à la fois riche mais aussi globale de ces questions numériques.

Aujourd’hui, on est obligé d'élargir la réflexion sur la souveraineté numérique pour ne plus simplement s'intéresser à la manière dont on discute de la souveraineté numérique en France ou plus largement en Europe. Mais pour aussi aborder la question telle qu'elle est envisagée en Inde, en Russie, aux États-Unis, de manière à avoir une approche beaucoup plus internationale de cette question et de vraiment prendre conscience de l'évolution du réseau global de l'Internet global, parce que cela va avoir des répercussions très importantes sur nous dans les années qui viennent.

Sopra Steria Next est mécène principal de la chaire depuis début 2020. Je pense que c'est quelque chose qui est nécessaire pour nous, tout simplement parce que lorsque l'on aborde les questions numériques, il est absolument majeur que nous puissions avoir des échanges avec des acteurs de terrain qui ont d'une part, une compétence technique et une véritable expérience de la technologie et d'autre part une expérience du marché et qui connaissent le tissu économique et qui soient en mesure de nous donner des retours sur des questions que nous nous envisageons de manière théorique et académique. Et en cela, ce sont des partenariats qui sont extrêmement riches pour les deux parties.

Publications de la Chaire Sciences Po

Sopra Steria et Sciences Po lancent la nouvelle chaire "Digital, gouvernance et souveraineté"

nov. 22, 2019, 09:04
Title* : Sopra Steria et Sciences Po lancent la nouvelle chaire "Digital, gouvernance et souveraineté"
Sopra Steria et Sciences Po signent une convention de mécénat pour soutenir la création de la chaire "Digital, gouvernance et souveraineté." pour redéfinir la notion de souveraineté, aborder ses mutations et ses nouveaux cas d’application dans un contexte de transformation numérique.

Sopra Steria, l’un des leaders européens du conseil, des services numériques et de l’édition de logiciels, et Sciences Po annoncent la signature d’une convention de mécénat de cinq ans pour soutenir la création de la chaire "Digital, gouvernance et souveraineté."

L’objectif de ce mécénat est d’encourager les travaux de recherche et d’enseignement de la chaire afin de redéfinir la notion de souveraineté, d’aborder ses mutations et ses nouveaux cas d’application dans un contexte de transformation numérique.

Grâce au soutien apporté par Sopra Steria, l’Ecole d’affaires publiques de Sciences Po va permettre à des universitaires, chercheurs, doctorants et professionnels de réfléchir aux nouvelles modalités de gouvernance et aux adaptations de la souveraineté à ce nouveau contexte. La chaire sera placée sous la co-direction de Yann Algan, économiste, doyen de l’Ecole d’affaires publiques, et de Florence G’sell, agrégée de droit privé, professeure des universités.

« Nous sommes fiers de soutenir l’enseignement et la recherche autour de l’évolution du concept de souveraineté à l’aune des nouveaux enjeux éthiques, économiques et politiques qui bouleversent notre société. » explique Vincent Paris, Directeur général de Sopra Steria. « En effet, en tant qu’acteur majeur de la transformation digitale, nous nous engageons aux côtés de nos clients pour penser les nouvelles modalités de la souveraineté en accord avec nos valeurs et notre volonté de favoriser l’émergence d’une éthique numérique. » conclut-il.

 

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